De nos jours, la guerre est avant tout une affaire de professionnels. L’image que nous en avons, c’est pour beaucoup celle que nous donne le cinéma. Ce documentaire explore l’évolution de la figure du soldat de l’écran à travers un demi-siècle d’Histoire, de la Guerre froide à nos jours. A travers les témoignages de personnalités du 7e art (réalisateurs, scénaristes, producteurs, acteurs), d’universitaires, de critiques de cinéma mais aussi d’anciens combattants, il relit un genre : le cinéma de guerre. Il analyse des exemples célèbres de films anglo-saxons, français ou israéliens pur mieux comprendre leur impact dans l’inconscient collectif.
Après la Seconde Guerre mondiale, pendant la Guerre froide, le cinéma de guerre est un instrument parmi d’autres au service d’un affrontement idéologique : le bloc occidental mené par les Etats-Unis face au bloc de l’Est sous l’autorité de l’URSS. Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, la mode est aux superproductions reconstituant des épisodes glorieux, centrés sur des héros joués par les stars charismatiques de l’époque. Avec une figure de proue emblématique : « Le jour le plus long ». Un concert de soldats héroïques qui laisse aussi la place à des voix dissonantes : « Les sentiers de la gloire » et « La bataille d’Alger » remettent en cause le comportement l’armée vis-à-vis de ses propres soldats ou par rapport à l’utilisation de la torture.
A la fin des années 60, la guerre du Vietnam force les Américains à se remettre en question. Une nouvelle génération de films de guerre apparaît, comme « Platoon », « Apocalypse Now », « Né un 4 juillet » et « Rambo ». Ils mettent en scène des soldats en proie au doute, qui doivent renier leurs idéaux. Au début des années 90, la Guerre du Golfe marque un nouveau tournant. Les images de la télévision étant sévèrement contrôlées, c’est le cinéma qui recrée l’imagerie de la guerre. « Il faut sauver le soldat Ryan » impose un nouveau standard de réalisme : plus possible de représenter la guerre sans passer à côté de sa brutalité. Une voie que suivent aussi « La chute du faucon noir » et « Kippour », mais dans des styles radicalement différents. L’un offre une image valorisante de l’armée américaine, alors que l’autre raconte le quotidien répétitif de secouristes israéliens, en fuyant le spectaculaire.
Dans les années 2000, l’heure est à la réhabilitation de pages d’Histoire occultées. Rachid Bouchareb, réalisateur français issu de l’immigration, tourne « Indigènes » en 2006 : le public français redécouvre que des soldats issus des colonies ont participé à la Libération de la France en 1944 et 1945. Quatre ans auparavant, « Windtalkers » avait adopté une démarche similaire aux Etats-Unis, en montrant le rôle des Indiens Navajos pendant la Seconde Guerre mondiale. Malgré tout, certaines cicatrices restent difficiles à refermer. Sorti en 2007, « L’ennemi intime » est situé pendant la guerre d’Algérie : tourné près d’un demi-siècle après la fin du conflit, il ne parvient pas à rassembler toute la société française et ne connaît qu’un succès partiel en salles.
Le soldat de cinéma est un personnage universel, capable de provoquer des réactions extrêmes d’admiration ou de rejet. Il symbolise à lui seul notre rapport ambigu à la violence, entre rejet et fascination.
Titre de la série : D’un genre à l’autre
Genre : Art et culture, Série documentaire
Réalisateur : Jean-Philippe Gunet
Ecrit par : Jean-Philippe Gunet, Olivier Roussille
Production : French Connection Films
Année : 2013
Durée : 52 minutes
Langues : Français, Anglais
Partenaires : OCS
Diffuseurs : OCS